Damien Seguin : en route pour le Rhum sur un multi de légende

Hier, j’ai rencontré Damien SEGUIN chez lui, tout juste rentré du convoyage de son trimaran Orma, qu'il a acquis pour courir la Route du Rhum 2026. 

Ce marin d’exception a terminé deux Vendée Globe (2024, 2020), après avoir raflé moult médailles en voile légère (dont cinq en or) aux JO Paralympiques et Championnats du monde entre 2004 et 2019. 

Né sans main, Damien démontre depuis belle lurette que le handicap n’est pas un frein à l’accomplissement d’exploits sportifs. “On peut être différent et performant”. 

C’est ce qu’il entend prouver encore en courant le Rhum sur un trimaran de légende, mis à l’eau en 1990 par Mike Birch puis mené avec brio par Loïck Peyron sous les couleurs de Fujicolor.  “Le bateau a tout gagné sauf le Rhum. Ce sera sa cinquième participation, tout comme moi.”

Ces trimarans Orma ont fait les beaux jours de la course au large dans les années 90, mais leur fragilité et leur caractère volage ont fini par faire couler la classe. 

Kamikaze Damien ?  Pas le moins du monde. “Fuji II ne s’est jamais retourné ! Plus sérieusement, avec de l’électronique et un pilote auto performants, des voiles modernes qui sont nettement moins lourdes, les risques de chavirer sont beaucoup plus faibles qu’il y a 30 ans. Un Orma bien refité est même moins dangereux qu’un Ocean Fifty, bien plus léger”. 

Le skipper en sait quelque chose puisqu’il vient de boucler une saison sur l’un de ces multis 50, avec Thibaut Vauchel-Camus. Et terminé 4e de la Transat Café l'Or, formation idéale pour la prochaine route du Rhum.

Damien a convoyé son trimaran trentenaire depuis la Méditerranée jusqu’en Vendée avec trois équipiers. Une semaine durant laquelle il a fallu tirer sur la bête pour sonder ses capacités et sa résistance sans y aller trop fort non plus. Subtil équilibre...

Les enseignements ? “La structure est super saine et solide, il n’y a rien à modifier. Mais il va falloir rajouter des protections pour s’abriter car à l’époque les marins étaient en mode décapotable”. Tout l’électronique, antédiluvien, est à changer comme les voiles. Le chantier devrait durer jusqu’à fin avril. 

Le budget du projet s’élève à 1 M€ jusqu'au Rhum 2026. Damien a trouvé un sponsor titre, à hauteur de 60 %, dont le nom sera dévoilé en décembre. Il annoncera aussi bientôt celui de l’ONG engagée sur les 40 % restants, pour laquelle il cherche encore des partenaires mécènes. 

Le garçon a des convictions fortes, de belles valeurs à transmettre et pour ne rien gâcher, il est franchement sympa. A bon entendeur…